RP Solo - Aux murmures de l'aube

Le hululement d'une chouette retentit, chant solitaire au milieu d'une forêt noire et silencieuse. Cette nuit-là aucun cœur de grillon, faute de la saison. Mais cette chouette, de son hululement de plus en plus fort résonnant dans son esprit effaçait le reste autour de lui comme si seul son cri importait. Et puis la forêt laissa place au noir, total et vide. Plus de sol plus de ciel, en haut les étoiles petit à petit s’éteignaient. Chauve-souris se mit à courir, essayant de rattraper ces lumières frivoles. Revenez ! Appela t-il, réalisant qu'il n'y avait plus de son, sa voix n'était pas sorti, le bruit de sa course, les battements de son cœur, sa respiration haletante, le vent qui titille les feuilles, tout était remplacé par le silence, long et froid.
Les arbres à ses côtés défilaient et bien qu'il le fuyait, cet idiot d'oiseau semblait de plus en plus proche. Le jeune félin s'arrêta d'un coup. Où était passée la forêt ? Il regarda autour de lui, plus rien. Pas un arbre, pas un buisson, tout était identique au ciel sans étoiles, tout était noir.

- Ou êtes-vous ? cria le matou est seul l'écho de sa voix effrayé lui répondit.

Le silence s’installa, épais et étouffant tel un nuage de fumé. Puis il y eu un son, celui du vent, discret, léger. L'oiseau. Chauve-Souris se retourna, découvrant l'immense rapace foncer vers lui, serres tendues pour le happer.

- Non !

Le matou gris se réveilla en sursaut. Ce n'était qu'un rêve. Un simple rêve. Le jeune guerrier regarda autour de lui, ces camarades étaient là, dormaient. C'était la nuit, mais nul doute que l'aube était proche. Chauve-Souris regarda sa couche, plutôt se rouler dans la bile que de se rendormir. A la place il se leva, il avait besoin de voir la forêt, de s'assurer qu'elle était toujours là. Il s'étira, huma l'air pour profiter des senteurs si particulières de la nuit et finalement, il quitta la tanière, puis le camp et s'enfonça dans la nuit, sur les terres de son clan.

Bientôt, les pentes rocheuses se profilèrent à l'horizon mais le guerrier ne s'y attarda pas, continua son chemin vers son lieu favori dans le territoire. Le sol rocailleux et dur laissa bientôt place à un tapis de terre, doux et épais.
La forêt luxuriante apparut enfin, au détour d'un chemin. Le guerrier éprouva un certain soulagement en voyant les arbres se dresser sur sa route. Chauve-souris s'arrêta juste à la lisière des bois. Il leva alors la tête, les étoiles étaient bien là, toujours au-dessus de lui, brillant de tout leur éclats. Nous sommes là, semblaient-elles dire, nous veillons sur vous. Oui. Les défunts étaient là, ils ne les avaient abandonnés, ils avaient changé de place mais ils étaient toujours là. Chauve-Souris repensa à l'apprentie perdue pendant la guerre. Le guerrier gris ne connaissait pas tant Nuage Silencieux, mais il avait bien compris que l'apprentie défunte avait laissé beaucoup de vide dans le cœur des siens. Il repensa à la perte de sa propre mère, la seule qui avait été capable de voir la différence entre lui et son frère. Quand on perd quelqu'un, on se trouve avec un vide dans le cœur, un vide qui semble infranchissable, seulement avec le temps on doit relever la tête, faire mine que tout va bien, montrer qu'on est fort et au bout du compte, on finit nous-même par y croire, pourtant ce vide et toujours là et il revient parfois. Oui, parfois vous réalisez que vous êtes en équilibre juste au bord du gouffre, prêt à vous happer.
Oh, comme les proches de Nuage Silencieux devaient avoir mal, ses amis, sa famille, son mentor, son chef qui l'avait envoyée dans un combat dont elle n'était jamais revenue. Si seulement il avait pu faire quelque chose pour eux, prendre leur douleur ou bien partir à la place de cette jeune minette...

Il se releva, secouant la tête pour chasser ces idées, il n'avait pas quitté un cauchemar pour tomber dans un autre. Hors de question ! Le guerrier gris s'enfonça dans la forêt, autant chasser puisqu'il était là. Ses pattes le conduisirent toutes seules jusqu'au cœur des bois. Lui, il se contenta d'écouter le chant des oiseaux qui s'éveillaient avec le soleil. Quel plaisir que de les entendre chanter, de ne plus être baigné dans le silence. Les murmures de l'aube chassèrent bientôt ses sueurs nocturnes. L'air était frais, agréable, la forêt paisible, calme. Oui. Tout était parfait. Chaque chose à sa place. Rassuré, calmé, le guerrier gris repris la route du camp. Avec un pas rapide il arriverait pour se joindre à l'une des patrouilles de l'aube. L'idée de chasser totalement envolée, Chauve-Souris était finalement ravi de cette promenade matinale et ravi d'avoir oublié ce rêve des plus étrange. D'ailleurs, son habituel sourire et son habituel air enjoué trônaient de nouveau sur son visage lorsqu'il rentra au camp.