Oeil des Lymbes ~ Par delà le Voile

Nom: Oeil des Lymbes
Surnom: / (A définir en RP)
Sexe: Mâle
Âge: 25 lunes
Clan: Clan du Soleil
Rang: Guérisseur
Origines: Sang-pur
Signe particulier: L’œil gauche est totalement opaque, et une longue cicatrice balafre ce même côté du visage.

Peu de félins ont jamais pris la peine de s’intéresser plus que cela à l’énigmatique guérisseur borgne du clan du Soleil. La première raison étant le peu de respect général accordé aux guérisseurs des clans, des guerriers ratés, pour la majorité d’entre eux. De réputation, et de ce que l’on sait de lui, Oeil des Lymbes est un félin du genre calme et distant. On pourra le voir au cours des réunions de clan, souvent à l’écart, attentif aux moindres paroles de son chef, son œil blanc semblant voir au travers des neufs vies de ce dernier, et ses longues oreilles oreilles noires ne semblant pas perdre un seul mot de son discours.

On dit que lorsqu’il était plus jeune, il était aventureux, courageux et plein de vigueur. De par son statut, aujourd'hui, il a dû apprendre à devenir humble et posé, mais également à subir les potentielles critiques et insultes sans broncher. De ce fait, ou plutôt en conséquence, il est devenu un matou assez distant, se préférant au calme de ses plantes plutôt qu’aux grandes réjouissances des guerriers. Cependant, sachez bien une chose : Oeil des Lymbes reste, et restera toujours un félin fidèle à son clan et à son chef. Il les servira toujours au mieux possible sans jamais broncher, accomplissant son devoir sans aucune plainte ni lamentation, sachant pertinemment la responsabilité reposant sur ses seules épaules de maintenir ses camarades en vie et en bonne santé.

Mais, lorsque cela est nécessaire, Oeil des Lymbes saura se faire entendre et s’imposer au milieu des siens dans les moments opportuns. De par le fait qu’il ne prenne que très rarement le devant de la scène, ses camarades auront pu apprendre à respecter ces très rares éclairs de sagesse. Gare à vous cependant de ne pas vous mettre le mâle à dos : bien qu’il accepte brimades et moqueries dans l’indifférence la plus totale, si vous cherchez à trop vouloir le pousser à bout, il se pourrait que cela vous retombe dessus, tôt ou tard.

Et avec ses proches, me demanderez vous ? Peu de félins ont pu se rapprocher assez de lui jusqu’alors pour tenter de découvrir ce que le guérisseur pouvait garder sous cette épaisse écorce de calme et de solitude. Cependant... peut-être serez vous l’un des premiers à y parvenir ?

Le chaton avançait lentement dans la tanière du guérisseur, curieux et sur le qui vive. Par chance, il était parvenu à échapper à la surveillance de sa mère pour accomplir le défi que lui avait lancé ses sœurs : rentrer dans la tanière et rapporter une plante sans se faire repérer. Il savait de par les chatons plus âgés que le matou était borgne, un véritable jeu d’enfant !

Après quelques pas hésitants dans la pénombre ambiante, le chaton couleur crème s’immobilisa soudainement. Il était là. Un grand matou noir comme la nuit, au corps musclé, sculpté par les allers et retours sur les pentes accidentées du territoire du clan. De par sa carrure, il aurait pu faire un grand guerrier, s’il n’avait point subit ce fameux accident en étant plus jeune. Cependant, et même d’ici, le chaton pouvait apercevoir, sous le pelage et les muscles, les côtes assez nettes du guérisseur. Bien qu’il se serve toujours le premier, ce que le chaton avait toujours trouvé injuste étant donné qu’il ne sache pas se battre, on pouvait remarquer nettement le fait que le mâle souffrait autant de la faim que le reste du clan.

Le petit huma l’air. Une forte odeur de plantes qu’il ne parvenait pas à identifier s’échappait du guérisseur, à croire que le parfum de ses remèdes s’était incrusté dans son pelage couleur jais. Le petit mâle commençait à douter. Faisait il bien d’être ici ? Non, il devait relever le défi, et montrer qu’il était digne d’être un vrai guerrier ! Il dit un pas hésitant en direction de la réserve et...

Crac.

Le petit plaqua ses oreilles contre son crâne lorsqu’il sentit sa patte briser net une brindille en deux. En un éclair, le guérisseur fit volte-face, et le chaton se replia sur lui même face à la vision que lui offrait le mâle. La balafre était net, visible. A vrai dire, on ne pouvait que voir cela. Partant presque de sa truffe, elle remontait droit en diagonal jusqu’à la base de son oreille gauche, traversant nettement son œil. Cet œil, un voile totalement blanc, opaque, dont on pouvait cependant encore vaguement distinguer sa pupille. Il semblait figé dans le vide, à contempler quelque chose d’invisible au regard des autres félins. Il se distinguait nettement de son second œil, d’un vert émeraude magnifique et brillant, où l’entièreté de la forêt semblait se mélanger encore et encore. Le matou affichait un air fâché, les yeux à moitiés clos et les oreilles en arrière. Sa longue queue lisse s’agitait lentement de droite à gauche dans son dos, tandis que d’une patte puissante, il fit un pas en avant en direction du petit mâle toujours plus ratatiné sur lui même. Sa voix, grave et sonore, s’éleva dans la tanière lorsque le mâle grogna.

Que fais-tu ici ?{

Au commencement, il y eut une puissante lumière. Agressive, aveuglante, déroutait complètement la boule de poils encore humide qui découvrait dans la douleur ce monde brutal. Tous ses sens étaient complètement confus. Il était cependant certain d’une chose. D’autres petites sources de couinements plaintifs se trouvaient à ses côtés. Deux, plus exactement.

En ce jour, Patte de Jais était né.

Il faisait parti d’une portée de trois futurs guerriers. Il avait une sœur, Boule de Charbon, et un frère, Petit Tigre. Des trois, Patte de Jais se distingua comme étant le plus combatif et le plus aventureux. Il allait même parfois jusqu’à sortir de la pouponnière pour s’attaquer aux grands guerriers du clan, qui à sa grande déception réagissait le plus souvent avec amusement qu’avec effroi. Il savait qu’un jour, il serait l’un d’entre eux. Peut-être même le plus grand qu’ils ne connaîtraient jamais ! Il s’entraînerait dur pour devenir le plus grand guerrier que le Clan du Soleil connaîtrait jamais.

Mais, vient un jour ou les rêves doivent cesser.

Ce jour, ce fut au cours d’un rude hiver qu’il eut lieu. Ce furent d’abord des cris qui le réveillèrent. Puis, soudainement, la pouponnière se mit à s’agiter avec violence. Partout autour de lui, la panique régnait, les mères hurlaient, les chatons gémissaient.

Seul un éclair roux l’avertit du danger.

La gueule gigantesque du renard se referma sur eux. Il entendit sa sœur hurler et son frère suffoquer, tandis qu’ils étaient soudainement agités dans tous les sens.

Puis, brusquement, il se retrouva propulser contre le mur de la pouponnière. Une douleur abominable lui traversait le crâne, comme s’il avait été transpercé de part en part.

Puis... ce fut l’obscurité.

Le calme.

...

...

Au second commencement, il n’y eut que les ténèbres. Calme, apaisant, mais également complètement déroutant. Il se trouvait dans la tanière du guérisseur. Mais quelque chose l’effrayait, l’emplissait d’effroi, de terreur, à mesure qu’il retrouvait ses esprits et que les guérisseurs tentait de le calmer.

Il ne voyait plus que de son œil droite.

Les jours suivants furent les plus durs de toute sa vie. Son frère et sa sœur avaient tous deux succombé face au renard. Sa mère, blessée profondément au flanc, n’avait pas tardé à les suivre. Désormais, il se retrouvait seul, totalement seul, son père ayant lui même disparu quelques lunes plus tôt. Mais il y avait autre chose.

Ce fut le guérisseur lui même qui dut lui annoncer, le plus calmement et doucement possible. Son rêve ne deviendrait jamais réalité.

La perte de son œil gauche l’avait condamné. Pire que la mort, il devenait désormais incapable au titre de guerrier du clan. Une nouvelle voie lui était désormais destinée. Celle des guérisseurs.

Il y eut un temps d’adaptation. Tout d’abord, pour digérer les nouvelles, mais également pour apprendre à vivre dans la semi-obscurité. Mais rapidement il s’y fit, trouvant ses propres trucs et astuces pour se guider et repérer les choses l’entourant. Et, peu de temps après, il arriva finalement en âge de devenir un apprenti. Un nom fut choisi en mémoire du fait qu’il était l’unique survivant de sa famille.

Nuage des Lymbes.

Le chaton, autrefois si combattif et hardi, se transforma en un apprenti calme et attentif, emmagasinant les savoirs sur les plantes et les remèdes à une vitesse impressionnante. Il se faisait silencieux et discret, mais toujours sur le qui vive et prêt à régir lorsque l’on avait besoin de lui. Son œil borgne lui avait également accordé un nouvel avantage : pour pallier à la vue, son odorat et son ouïe s’étaient développés, si bien qu’il parvenait facilement à sentir et détecter les plantes nécessaires à son mentor et à lui.

Rapidement, il put également se rendre à l’arbre mystique, et sa première vision lui fut accordée. C’est là qu’il découvrit une bien étrange faculté. En vie, il était borgne de l’œil gauche. En songe, il devenait borgne de l’œil droit. Cet œil, semblant pourtant désormais inutile, devenait une sorte de passage d’un côté à l’autre. Jamais il ne put comprendre exactement ni comment ni pourquoi.

Le temps passa, et l’âge de son intronisation arriva à grands pas. Le chef de clan lui trouva un nom tout désigné : Oeil de Lymbes. Lorsque les guerriers bombaient le torse à leur rite de passage, et s’affichaient fièrement face au clan, Oeil de Lymbes, lui, resta humble et respectueux, se contentant de remercier calmement son clan et son chef pour l’honneur qu’ils lui accordaient. A défaut de devenir un guerrier d’exception, peut-être deviendrait il un guérisseur talentueux ?

Les lunes passèrent, et l’ancien mentor d’Oeil des Lymbes disparut à son tour. Il était désormais l’unique guérisseur du Clan du Soleil, et les récents incidents avec le Clan de l’Eclipse n’annonçaient rien de bon. On racontait que des fugitifs cherchaient désormais refuge au sein des clans. Oeil des Lymbes ne savait point trop à quoi s’en tenir, face à certains d’entre eux. Dans tous les cas, il suivrait la décision de son chef, quelle qu’elle soit, et le conseillerait en cas de doute.

Ainsi était son destin. Celui de guérisseur du clan du Soleil. Mais, en ces temps de trouble et de famine, l’avenir s’annonçait bien sombre pour les siens.